"[...] Spirituellement l'évènement décisif de mon existence s'est produit au début des années 1930 avec la première rencontre de Marcel Légaut. Vite un groupe de jeunes enseignants s'inspirant de lui s'est constitué ; c'est dans la vie communautaire de ce groupe que ma foi s'est véritablement fondée. [...] Peut-être convient-il de partir d'un constat lucide de l'état de fait actuel dans l'Eglise romaine en ce début de siècle et de millénaire : ce sont surtout des laïcs et des religieux qui la font vivre. En son dernier ouvrage, Vie spirituelle et modernité, Centurion/Duculot, Marcel Légaut a insisté là-dessus, sur cette responsabilité toute nouvelle des laïcs. [...] Il s'agit plus profondément de rendre le fonctionnement du corps écclésial plus conforme à l'esprit du Nouveau Testament. La vieille dichotomie clercs/laïcs est remise en question. Une nouvelle théologie des ministères se cherche ; de toute façon, pour donner aux femmes en Eglise la place qui leur revient, un tel renouvellement théologique est inévitable. [...]. [...] L'Occidental réagirait un peu trop facilement, quand deux affirmations en présence sont en opposition apparente, selon le schéma "ou bien...ou bien" ; on exclut donc l'une des deux. L'Asiatique n'ignore pas, en principe, ce genre de réaction mais inclinerait volontiers à user du schéma "et ... et", en attente en somme d'un point de vue où l'exclusion laisserait la place à une conciliation de synthèse. [...] Rappelons-nous la perplexité des premiers siècles au sujet du statut spirituel de Jésus de Nazareth... Beaucoup de disciples n'arrivaient pas à admettre qu'Il puisse être à la fois Homme et Dieu. Il était nécessairement l'un ou l'autre. [...] Quand une nouvelle inscription historique du message évangélique se fera en Inde [...], les théologiens chrétiens en Inde pourront rectifier cette orientation. En ce sens, nous sommes fondés à attendre de telles influences asiatiques une véritable fécondation culturelle. [...]." Interview de Eugène Weber, auteur de L'avenir de Dieu, |