Marcel Légaut, prophète de notre temps


La pensée de Marcel Légaut, une nourriture.
Les manières anciennes de penser Dieu ne sont plus acceptables. Il nous faut donner du poids aux mots que l'on emploie, ceux-ci doivent être chargés d'une existence vécue.
La vie spirituelle, c'est prendre conscience de ce qui se passe en soi, c'est être présent à soi-même : il y a la nécessité de faire coïncider l'évènement et soi-même.
Dans une tradition judéo-chrétienne superficielle, la loi vient du dehors, elle domine l'homme : morale théorique fondée sur l'autorité de Dieu. Cette tradition doit être renouvelée.
A la morale de l'obéissance il faut substituer une morale de la créativité. Croire au devenir de chacun, respecter chacun dans son mystère, vivre une solidarité cachée en humanité. La responsabilité s'impose du dedans, mon éthique est intérieure et personnelle.
Dieu nous est intrinsèque, lié à mon dedans, intérieur à ce que je suis, il se déploie dans ce que je deviens. Quand naît en moi une exigence, il s'agit d'une réalité profonde "qui n'est pas que de moi, bien qu'elle jaillisse en moi".
Il y a lieu de correspondre à cette réalité profonde qui n'est pas que de moi, de m'approcher du mystère que je suis, qui est mystère de Dieu en moi. L'Amitié, l'Amour nous font vivre une expérience de présence à présence, une expérience de filiation et de paternité spirituelle.
Chercher Jésus, c'est se rendre réel ce qui a été vécu il y a deux mille ans ; l'écriture nous donne la confirmation de ce que nous avons à devenir. Ne pas s'habiller de l'Ecriture mais en vivre.
La grandeur de l'homme c'est de se poser des questions insolubles. La Foi nue s'enracine dans ce que l'on est. La liberté de l'homme, dans sa pensée, ne supporte pas de limites, de barrières. Aucune question ne lui est interdite. Il y a lieu de se recueillir pour accueillir au fur et à mesure sa destinée, d'atteindre Dieu autrement que par l'abstraction logique et pétrifiée de l'homme de doctrine.
L'homme est un noeud de relations, l'altérité est nécessaire pour la découverte de sa propre identité.
Une religion universelle ne peut s'enraciner que dans le vécu de l'homme.
Plus on se cherche plus on cherche Dieu. Plus je suis moi-même, plus je suis singulier. Etre fidèle à ce que je dois être. Rendre l'Autre prochain, devenir le prochain de l'Autre. Fidélité à l'Amitié, cultiver l'amitié, rares sont les vrais amis.
"Qui êtes-vous Jésus"? et "Qui suis-je"? Voilà la vraie confrontation qui me permet d'approcher le mystère du Fils de l'Homme. La vie spirituelle ne s'enseigne pas. Il doit y avoir interaction entre la recherche intellectuelle et la recherche spirituelle. Il importe de toujours relativiser ses représentations, car il y a toujours distance entre le concept et la réalité que nous essayons d'approcher. Jésus se cherche lentement.
Nous sommes appelés à une prise de conscience de notre propre simplicité d'être. Etre, c'est inséparablement se donner en recevant et recevoir en se donnant. C'est accueillir Jésus qui nous dit le Tout-Autre, en même temps que le Tout-Proche.
Merci Monsieur Légaut, je n'ouble pas votre sourire, votre humour, votre vérité (être vrai : être authentique).

extrait de "Chercheur de Dieu... ou Credo en Liberté", 230 p.,
par Albert BAUD,
qui dit en page 6 :

"[...] Les Evangiles sont rejetés à cause d'une lecture faite au premier degré, en surface.
On peut comprendre que des gens refusent de se laisser enfermer dans des dogmes, par des interdits, par une parole fixiste.
Pourtant on ne confond pas religion et foi, même si la religion peut être un merveilleux support de la foi en l'Evangile. La foi n'implique pas une religion.
La foi est une dynamique qui nous invite à la liberté. On ne peut pas nier la Force de l'Esprit.
Sous forme de méditations brèves, j'ai éprouvé ainsi le désir de dire ce qui fait la beauté du Christianisme. [...]".

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