CROYANT de FOI ... |
1900 |
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1990 |
"A mon sens, la grande chose maintenant c'est ( ), de comprendre soi-même d'abord, et de faire comprendre aux autres ce que Jésus a eu à vivre il y a vingt siècles, ( )."
"Désormais c'est en découvrant personnellement le sens de sa vie que l'homme peut faire l'approche du mystère de Dieu..."
Professions de foi et questions de foi contemporaines
" La foi est d'un autre ordre que la religion." [...]
"La foi ne peut se dispenser de la religion, dont elle se doit, en contrepartie, de réduire les prétentions." [...]
"Par essence, la religion s'institue en pouvoir qui s'empare de Dieu ou du divin. Elle les tient à demeure dans sa main. Et c'est pourquoi elle est la négation de la foi, de sa faiblesse, de sa folie." [...]
Marcel Légaut.
O homme !
tu es de la vigueur de l'Acte créateur d'où jaillit l'Univers.
Au delà de ce que tu sais dire et faire au delà de ce que tu perçois,
tu peux en toi porter le Monde.
Fort de ton pouvoir,
sauras-tu l'épouser avec la fidélité de Celui qui est fidèle de par ce qu'Il
est?
tu es de la beauté dont l'Univers rayonne dans la lumière
des jours
et qu'il fait monter des silences des nuits.
Sans abuser d'elle,
sauras-tu en accueillir l'éclat
pour devenir toi-même par elle d'une toute autre beauté?
tu es de la grandeur vers quoi l'Univers s'efforce
de par l'immensité impensable dont sans cesse il s'accroît.
Immergé en lui,
sauras-tu ne pas y être englouti,
t'en détacher sans en être séparé
pour devenir par elle d'une toute autre grandeur?
tu es le fruit possible,
quoiqu'encore improbable de l'Univers qui te porte en son sein.
Nourri de sa sève,
sauras-tu mûrir vers la cîme du réel,
suspendu sur le vide de ce qui encore n'est pas?
O homme,
par l'histoire que tu vis,
par celui que tu deviens,
tu es unique et solitaire.
Tu es le premier à être ce que tu es, et le dernier.
Fils des hommes innombrables qui t'ont précédé,
sauras-tu être père pour ceux,
innombrables, qui te succèderont?
Marcel Légaut.
"L'amour adulte exige que les époux croient l'un en l'autre au-delà de ce qu'ils se manifestent l'un à l'autre et devinent l'un de l'autre. Cette affirmation absolue que chacun porte sur son conjoint est la foi conjugale."
"[...] En fait, l'homme accède ordinairement par ( la foi conjugale et la foi paternelle ) à la conscience de la ( foi en soi ). En aimant, il fait un pas décisif vers l'autonomie personnelle sans laquelle il n'est pas de foi possible. Etant mari et père, il prend en charge sa femme et ses enfants. Il donne à sa vie l'étoffe et le sérieux qui lui facilitent l'accès à la foi en lui-même."
"Il suffit à l'amour d'avoir été pour être. Il suffit qu'il ait été pour qu'on soit."
"[...] L'homme et la femme vont découvrir, à travers leur union même et grâce à elle, leur indestructible différence. [...]"
"[...] L'amour humain ne peut pas se tenir à son niveau hors du recueillement, car seul le recueillement permet à chacun d'être présent à soi-même.[...]"
"De même nature que la foi en soi, la foi conjugale exige comme elle une intériorité réelle. Au-delà de toutes les raisons elle naît en l'homme, s'il est suffisamment approfondi, lors de la découverte de celle qu'il aime. [...] Elle s'enracine dans l'instinct et en reçoit une vigueur accrue souvent renouvelée. Par une adhésion sans défaillance à l'originalité fondamentale de cet instant de lumière, l'homme fait de la foi conjugale, comme de la foi en soi, l'expression la plus haute de sa fidélité aux sommets entrevus de l'humain ."
"[...] , avoir foi en l'autre parce qu'on l'a atteint dans sa réalité profonde et cachée ne peut se faire que par l'amour humain. Cet amour, d'autre part, ne peut s'approfondir et par suite subsister que dans la foi. Ainsi à partir du moment où la distance entre les époux s'avère infranchissable, amour et foi conjugale sont liés inséparablement entre eux , [...]"
"Il n'est pas de faute plus grave contre soi que de renier ultérieurement cette illumination après l'avoir consciemment reçue, [...]"
Marcel Légaut.
"Par leur similitude, la foi en soi, la foi conjugale, la foi paternelle s'épaulent mutuellement et acheminent l'homme vers l'être qui s'ébauche en lui à travers l'éventail d'événements, de rencontres, d'expériences, que présente toute vie. Elles sont de même nature. [...] Par la foi en soi, la foi conjugale, la foi paternelle, l'homme s'affronte à lui-même dans sa totalité. Il se trouve mesuré par elles non du dehors mais au-dedans, non suivant une norme générale, comme par ses autres recherches, mais en soi, à son niveau d'être. De façon muette mais décisive, par son option, par la manière dont il la prend et dont il s'y livre, il prononce sa propre sentence."
"La foi du père en son fils est à la paternité ce que la foi conjugale est à l'amour; elles sont du même ordre.[...] Ses exigences, tout en allant dans le même sens que celles de l'amour, vont encore plus loin. [...]"
"Cette foi, tout imprégnée de respect et de patience, nourrie de sagesse, établie dans la sécurité, maintient entre eux une présence en dépit de la distance qui s'accentue entre eux."
"Par respect, par vénération pour son enfant, merveille si pleine de promesses encore inconnues, merveille de croissance et d'épanouissement, et bien que celui-ci soit encore pour longtemps livré presque sans défense à la brutalité des déterminismes déshumanisants, le père, sans cesser son action protectrice, laisse son fils prendre peu à peu son envol."
"La voie qui conduit de la paternité d'autorité à la paternité d'appel est encore plus inconnue que celle qui achemine l'amour naissant vers l'amour adulte. L'instinct y aide peu. La société l'ignore, ne connaissant pour s'établir dans son ordre que la force du pouvoir."
Marcel Légaut.
"Cependant, en réalité, la foi en soi est la base des deux autres, qui ne peuvent être si elle n'est pas. Parce qu'elle existe en puissance dans l'homme avant même qu'il en ait pris conscience, celui-ci peut expliciter l'originalité de sa foi conjugale et de sa foi paternelle, et les distinguer des sentiments qui n'en sont que l'origine occasionnelle, même s'ils sont en fait au début indispensables. Comment pourrait-il croire en sa femme ou en son fils, s'il n'avait pas au moins implicitement en lui la certitude qu'il est lui-même digne de foi ?"
"[...]La reconnaissance du "mystère" que l'homme est en
lui-même, reconnaissance liée à une prise de conscience de soi qui est propre à chacun
et dans laquelle tout ce qu'on est se trouve beaucoup plus engagé que dans aucune autre
activité de connaissance, nous l'appellerons "la foi en soi". [...]
Je pense que la prise de conscience de la foi en soi, c'est-à-dire d'un absolu qui est en
nous radicalement inséparable de nous, et que l'on ne peut pas nier sans se renier est
capitale pour arriver à un niveau véritable d'humanité. D'autre part, la prise de
conscience de ce qui se passe en nous, en particulier quand on arrive à distinguer
l'action de fabrication de celle de création, implique déjà la découverte d'une
activité intérieure qui est tout à fait de nous mais dont, cependant, on n'est pas
maître, c'est-à-dire à laquelle on ne peut pas se livrer comme et quand on veut.
L'action profonde et secrète, indépendante de nous et cependant inséparable de ce qu'on
est, qui rend chacun capable d'être créateur, permet, à mon point de vue, une prise de
contact essentielle avec l'action de Dieu en nous. [...] Je considère la foi en Dieu
comme inséparable de la foi en soi à partir d'un développement spirituel suffisant.
Dans la mesure où le foi en Dieu est ainsi transcendante à l'homme qui la transforme
sans être séparable de lui, dans cette même mesure tout danger de panthéisme se trouve
écarté. C'est à partir de lui-même que l'homme découvre Dieu. Il n'est pas tenté de
confondre Dieu avec l'Univers, comme lui-même n'est pas tenté de se confondre dans le
Tout."
Marcel Légaut.
"L'important n'est pas tellement d'être capable de se dire ou d'expliciter verbalement ce qu'on vit que de le vivre vraiment avec la totalité de ce qu'on est. En fait peu d'hommes sont à même de prendre une conscience lucide de ce qu'ils vivent dans leur profondeur. Cependant ceux qui en sont capables se doivent d'atteindre à cette connaissance autant que celle-ci leur est accessible parce que la vie spirituelle exige qu'on s'y consacre avec la totalité de ce qu'on est. L'action de Dieu dans l'homme se manifeste particulièrement dans l'acte de création. Lorsque l'homme crée il reçoit de Dieu, sans qu'on puisse dire comment, une motion qui l'élève à un état qui le place au-dessus de ce qu'il vit en temps ordinaire. Cet état lui permet de faire ce dont il serait incapable par tout autre moyen et en tout autre temps. L'homme prend normalement conscience de cet état qui diffère visiblement de ce qu'il vit ordinairement. Il ne lui est pas nécessaire d'être arrivé déjà à une connaissance explicite de la foi en soi, pour reconnaître en cet état une action très particulière en lui qui le transcende et qui le conduit à accéder à la foi en Dieu."
Marcel Légaut.
"L'essentiel ferment de l'unité des Eglises est la foi en Jésus ; non seulement la foi qui est l'adhésion à une christologie. Si une christologie commune aux Eglises est nécessaire, à condition que les spécialistes ne fassent pas s'évanouir le mystère à force de le cerner et de le réduire en propositions dogmatiques, son adhésion générale est radicalement insuffisante pour promouvoir l'unité de l'Eglise. Elle serait juste capable en faisant disparaître les différences doctrinales de pousser à confondre l'unité des Eglises avec leur unification dans l'uniformité. Je suis convaincu que seuls sont des ouvriers efficaces de l'unité de l'Eglise les chrétiens qui fondent leur foi sur l'intelligence réaliste et en profondeur de ce que Jésus a vécu il y a vingt siècles, guidés sans doute par une christologie et une théologie, mais aussi éclairant celles-ci par leur expérience spirituelle, tout en sachant la relativité des spéculations de ce genre et leur impuissance radicale à sonder le mystère."
Marcel Légaut.
"Le mystère de l'Eglise comme le mystère de l'homme transcendent leur faire et leur dire, et même la conscience que
l'Eglise et l'homme en ont. Ils se développent dans le temps. C'est au temps
de faire les discernements nécessaires. La patience seule le lui permet, et le silence.
Je pense qu'une des formes que prend la foi en l'Eglise, et qui conduit à lui obéir sans
se casser, est de croire que ce qui n'est pas possible
aujourd'hui pour elle le sera demain si cela est exact et vrai, et en outre que ce qui se
fait aujourd'hui chez elle ne sera pas demain si cela ne convient pas à sa mission.
Oui, à notre époque, la foi en l'Eglise demande beaucoup de patience, une patience
tenace incapable de désespérer, car il y a beaucoup d'impatience autour de nous, et en
elle beaucoup de sujets de désespérer. Il faut le dire. L'Eglise a un sens inné de l'
"éternité" qui est proprement divin [...] ."
"... Jésus nous a promis que l'Eglise vivrait, ce n'est pas parce que dans une perspective animiste, les évènements seraient tellement toujours arrangés que chaque fois que ça manquerait de sombrer, chaque fois, il y aurait un petit truc qui arriverait à changer le choses. Non! C'est du reste ce que Jésus a cru, il a affirmé que son message était tellement universel, tellement capital, que, à toute génération, il y aurait des hommes qui y correspondraient et qui perpétueraient son esprit à travers les siècles. Voilà, à mon avis, la forme correspondant à la foi de Jésus."
Marcel Légaut.
"Je pense, que chez beaucoup de chrétiens, même quand ils atteignent à une religion quelque peu personnelle au-delà des assujettissements sociologiques, c'est à l'adhésion à la doctrine enseignée que se réduit l'activité de la foi de sorte que la vie spirituelle se trouve moulée plus que vivifiée et transformée au-dedans par cette adhésion. Aussi, chez nombre d'entre eux, les mystères de l'homme et de Dieu sont en quelque sorte épuisés par les formulations qui en sont données "[...]
"Pour être tenue dans sa pureté spécifique, la foi en Dieu exige que l'homme se reconnaisse condamné à demeurer dans une ignorance absolue à l'égard du mystère de Dieu malgré sa tendance naturelle à s'assurer dans des convictions précises. Au contraire, les croyances idéologiques sur Dieu rendent son existence et son action évidentes en les enregistrant dans leur système intellectuel. Elles satisfont le besoin de savoir et de certitude de l'homme, elles l'entraînent à croire à Dieu comme il croit en elles."
Marcel Légaut.
"[...] des êtres qui, grâce à quelques filiations spirituelles et parfois sans l'avoir particulièrement recherché, et même à leur insu, mais grâce à leur profondeur humaine et à la vigueur spirituelle, sont passés de l'adhésion à des croyances, à la foi dont ils vivent vraiment ".
Marcel Légaut.
Etapes de la vie de foi et de fidélité...
Texte présenté vers 1980 par M. Légaut pour préciser les perspectives qu'il adopterait pour méditer les évangiles. Edité et sous-titré par Th. De Scott en 1992 :
Les exigences personnelles de la conscience et l'accès à la vie spirituelle...
L'adhésion aux croyances et l'engagement total dans une oeuvre font émerger des possibilités de leur dépassement...
Les facilités tirées de l'adhésion aux croyances et de l'engagement doivent faire place à la foi et à la fidélité...
La découverte de la fragilité des certitudes, aiguillon de la recherche...
L'expérience des précarités de l'oeuvre entreprise et des limites insurmontables de l'action même la plus engagée...
Le dépouillement des sécurités et des espoirs, passage obligé pour l'homme de foi et de fidélité...
L'exigence de vérité et d'authenticité appelle ce dépassement de l'adhésion aux croyances et de la persévérance dans engagement. Précisions sur le sens de la relativisation...
Les étapes de la vie de foi et de fidélité par M. Légaut.
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Révision : 21 mai 2004.