La foi... une "force créatrice"... venant de soi et de lui

 

Christoph Theobald écrit dans "La révélation... tout simplement":

L'objectivité de la Révélation n'est donc pas celle d'une chose ou d'un ensemble de données, mais elle s'accomplit "objectivement" dans le sujet croyant en relation avec d'autres existences, quand il se laisse transformer par la vue et par l'écoute de l'autre.

La foi n'est pas seulement un "assentiment" ou une "remise de soi" à Dieu… Il faut encore mettre en valeur tous les effets repérables de cet acte de croire grâce au corps qu'il se donne dans l'histoire. Cette insistance propre à nos sociétés pluralistes nous rend donc attentifs à un aspect trop souvent oublié de l'acte de foi, tel que les synoptiques et certaines paroles de Jésus de Nazareth le présentent, à savoir sa force créatrice : " Si quelqu'un dit à cette montagne, ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s'il ne doute pas en son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela lui sera accordé " (Mc 11, 22 ; cf. 1 Co 13, 2).

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Au cœur de cette expérience un mot clef : force, puissance ou énergie. Cette force, qui passe de l'un à l'autre - " Jésus s'aperçut qu'une force était sortie de lui " (Mc 5, 30) - est bel et bien la trace de la racine indo-européenne " kred " que l'on retrouve dans credo, je crois, (confiance que l'on accorde au champion pour qu'il réalise ce qu'on attend de lui).

Mais il faut remarquer en même temps que la manifestation de la puissance d'exister, manifestation d'une " foi qui transporte les montagnes ", résulte, dans les récits évangéliques, d'un échange de gestes de puissance qui constituent chacun en son unicité. C'est ce qu'une parole paradoxale de Jésus, adressée à la femme malade de pertes de sang, notifie admirablement : " Ma fille, c'est ta foi qui t'a sauvée " (Mc 5, 35). Il n'y a là rien d'un calcul intéressé, mais un acte d'engagement sans garantie.

 

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