Une Eglise réaliste et modeste

Orientation générale

Ayant pris acte des nombreuses et inévitables erreurs commises durant ses 2000 ans d'histoire, des injustices et des abus de pouvoir, prenant acte de la diversité des cultures et des tempéraments des êtres humains, un Concile courageux devrait décider qu'il ne faut plus s'imaginer infaillibles en quelque domaine que ce soit, mais qu'il s'agit de positions provisoires, ni chercher l'uniformité, mais promouvoir le pluralisme et la décentralisation, et exercer la collégialité de façon scrupuleuse. L'exercice de l'autorité devra se faire modeste.

Des Conciles devraient s'organiser autant que de besoin et au minimum tous les 50 ans. A Vatican II, 2.400 évêques y participaient et il paraissait difficile d'en dépasser le nombre. Réunir aujourd'hui les 4.000 évêques catholiques, dont c'est approximativement le nombre actuel et 1000 représentants éventuels des autres confessions serait impraticable. L'une des solutions serait d'en limiter le nombre par tirage au sort pour s'en tenir à 50% d'entre eux

D'autre part, le pape se ferait assister par un Conseil permanent composé d'une douzaine de conseillers permanents, désignés par les conférences épiscopales continentales. L'autorité du Pape ne s'exercerait qu'après concertation avec ce Conseil.

Cela amènerait sans doute à être plus réaliste en bien des domaines, par exemple:

- un pluralisme liturgique et théologique en tenant compte de la variété culturelle

- la création d'une grande variété de rites, notamment pour l'Afrique et l'Asie

- se montrer miséricordieux envers les divorcés remariés et les homosexuels

- admettre aux ministères femmes et hommes, célibataires ou mariés

- reconnaître, là où ils s'imposent, la nécessité du préservatif, de la contraception, de l'avortement et de l'euthanasie.

- respecter la polygamie en Afrique là où elle ne peut pas disparaître rapidement,

Admettre un pluralisme d'interprétations et reformuler l'essentiel du message en le purifiant de son enrobement mythique et cosmogonique. L'unité n'est pas uniformité et rien ne sert d'imposer les choix subjectifs des uns contre ceux des autres, ni du passé contre le présent.

Malgré que la démographie s'est déplacée, on a continué de penser la vie paroissiale comme au temps de la vie villageoise et de l'abondance de prêtres. Ce n'est plus le cas. Le système paroissial n'a été institué que tardivement: ainsi, au IVe siècle encore, dès que se réunissaient douze familles, l'un des pères de famille était ordonné pour présider cette communauté 30..

Compte tenu de la diversité culturelle et des tempéraments, assembler des foules ne peut convenir qu'occasionnellement. Toutes les fois qu'un groupe de 10 à 30 personnes se constitue et élit son président pour quelques années, c'est une communauté homogène, en lien avec d'autres communautés géographiques (paroissiales) ou sociologiques. Un lien entre ces communautés et un suivi de formation et de coordination est assuré par des évêques auxiliaires (que pourraient constituer la plupart de nos prêtres actuels ou assimilés)

Il vit arriver une foule d'hommes et de femmes, munis d'engins inconnus et impressionnants et qui se disaient en mesure de récolter dans d'excellentes conditions toute la moisson. Et une voix dit à Pierre: "Voilà des ouvriers pour la moisson, embauche-les". Mais Pierre ayant gardé un autre souvenir de sas jeunesse en pays d'archaïe, répondit: "Comment pourrais-je confier à ces gens la moisson, alors qu'ils n'ont ni faux ni faucilles, ni une paire de bœufs pour tirer la faucheuse habituelle? Je les vois arriver avec de gros engins qu'on n'a jamais vus au pays, accompagnés de femmes et d'enfants. Non, je ne mangerai pas de ce pain". La voix reprit: "ne fais pas la fine bouche, ceux que je t'envoie sont de bons ouvriers. Ils travaillent autrement qu'autrefois, mais pas moins efficacement. Ils sont dévoués et compétents. Ne te laisse pas paralyser par tes préventions, embauche-les". Cela se répéta trois fois.

Pierre se réveilla et se demandait ce que pouvait bien signifier un tel rêve et de quoi il pouvait être prémonitoire.

Et voilà que des hommes et des femmes affluaient, qui avaient l'air dynamiques malgré leur air étrange. Et l'Esprit lui dit: "Même s'ils ne correspondent pas au profil traditionnel, voilà ceux qui feront l'affaire, avec leurs moissonneuses-batteuses, programmées sur ordinateurs, bien adaptés à notre temps, embauche-les donc sans plus hésiter, hommes et femmes aussi bien, qu'ils soient célibataires ou mariés, avec ou sans enfants, c'est moi qui les ai appelés." Alors Pierre dit: "Dieu vient de me montrer qu'il ne faut désespérer de rien et qu'il ne faut pas croire inaptes des hommes et aussi bien des femmes, d'un autre profil que celui auquel on était habitués pour le service des besoins pastoraux. Car il ne faut faire acception de personne et le message concerne toutes les situations socio-culturelles, car il s'agit du Dieu des vivants"

Aussi, n'écoutant que son courage et éclairé par l'Esprit, il les embaucha sur le champ. Et la récolte se fit dans les meilleures conditions.

"JE CROIS, MAIS PARFOIS AUTREMENT" , Paul Abela
Edition L'Harmattan, collection "Chrétiens autrement" 160p. 14€,
ou chez l'auteur, 15 € port compris (52 rue Liancourt, 75014 Paris) 

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