Peut-on être chrétien aujourd'hui?

 

"JE CROIS, MAIS PARFOIS AUTREMENT"
(table des matières)
Dans un livre de 150 pages, Paul Abela nous dit ce qu'il croit et ce qui ne lui parait plus crédible.
En voici quelques extraits pour vous mettre en appétit : son introduction et ses premières pages ;

Pourquoi ce témoignage

Persuadé de la valeur du christianisme dans ce qu'il a d'essentiel et pas moins persuadé que, sous sa présentation actuelle, son avenir est compromis, je voudrais apporter une contribution à son actualisation, aussi radicale qu'il me paraît nécessaire.

Lorsqu'à 80 ans on pense utile de témoigner de CE QUE L'ON CROIT, ce n'est pas pour réciter le Credo. Pour exprimer l'essentiel de ce que je crois je ne me réfère pas aux formules dogmatiques. Mais je dirai d'abord en termes neufs les convictions acquises à mon âge. Je dirai ensuite comment je partage avec une dizaine de personnalités un courant novateur et réformiste et pourquoi, malgré les réserves et les critiques sur lesquelles je m'étendrai ensuite assez longuement, je partage avec le catholicisme, plus qu'avec toute autre confession, l'essentiel de mes convictions.

Très brièvement, ce que je crois

1. Je crois en une destinée de vie éternelle qui se déroule comme une fusée à trois étages, dont chacun rend possible le suivant:

- un 1er étage de maturation passive et dépendante, dans le sein maternel ;

- un 2e étage de maturation active et interdépendante, c'est cette vie ;

- un 3e étage, au-delà, où l'on accède de façon impossible à imaginer.

2. Je crois en un Dieu merveilleux de bonheur et de joie, qui nous met collectivement dans des conditions telles que nous puissions être co-créateurs de notre destinée, en union à sa vie, mais, en ayant fixé les règles avec une composante de hasard, il n'intervient plus.

3. Je crois que notre destinée est à la fois individuelle et collective. Le corollaire c'est la solidarité.Tout au long de nos vies, nous avons à partager les moyens dont nous disposons pour moins de malheur et plus de bonheur pour tous.

4. Je crois que dans l'histoire humaine, Jésus est un des révélateurs les plus précieux et les plus purs. L'Eglise en transmet d'âge en âge diverses interprétations dogmatiques, dont certaines sont toujours valables, et d'autres caduques et devenues sans signification.

5. Je ne peux pas croire qu'il puisse y avoir de révélation parfaite, la perfection ne nous est pas accessible. Car tout être humain, quelles que soient son intelligence, son honnêteté, sa générosité, quels que soient ses charismes, ne peut éviter de se tromper pour une part de ses jugements. Il y a des intuitions et des interprétations de valeur inégale et d'intérêt provisoire.

Accepter les limites de l'Église et contribuer à la réformer

L'Eglise est inévitablement imparfaite, mais d'une part, c'est mieux que rien, il y a pire (soit dans les sectes, soit dans l'absence de tout repère) et d'autre part elle est constamment réformable et nous pouvons y contribuer. Mais je suis sans illusion: lorsqu'on parcourt les erreurs, les querelles et les zizanies dont est pleine l'histoire de l'Eglise*, l'erreur que nous faisons, c'est quand, par idéalisme, nous sommes étonnés de la trouver imparfaite. Il s'agit de voir clair et de s'organiser, il ne faut pas en sous-estimer la difficulté. L'institution est souvent crédible, elle ne peut pas l'être totalement, de sorte qu'inévitablement elle se discrédite de temps en temps et l'on se trompe lorsqu'on est stupéfait d'y voir tant d'imperfection**.

Je reste dans l'Eglise, non par soumission ou en faisant abstraction de tout esprit critique, mais par réalisme et miséricorde et pour contribuer à sa réforme, dans l'intérêt du bien commun.

Des réformes en plusieurs étapes

Par réalisme je distingue dans ce que je souhaite comme changements, d'abord ce qu'il me paraît possible d'obtenir à court terme, notamment en tenant compte des principales remarques de Maurice Zundel: De quel Dieu s'agit-il ? Quel Dieu prions-nous?

Puis ce que je souhaite obtenir à moyen terme: c'est avant tout une réforme des structures de l'Eglise, et en particulier de confier les ministères presbytéraux aussi bien à des femmes qu'à des hommes, célibataires ou mariés.

On peut aussi envisager la remise en question du dogme du péché originel, des dogmes mariaux et du dogme de l'infaillibilité.

Enfin à plus long terme, comme une utopie, la révision radicale de la formulation du Credo, la conception virginale, l'adoptianisme de Jésus et réduire la Trinité à un simple modalisme. (voir p.95)

________

* Zundel et Légaut n'essayent pas de masquer ces nombreuses et graves erreurs. En 2000, le Pape Jean-Paul II a profité du jubilé pour proclamer une immense repentance, en particulier pour l'inquisition, les croisades, les querelles théologiques, les excommunications, les duretés envers les hérétiques, l'injustice envers les femmes, etc.

** En 1521 Luther avait déclaré qu'il ne croit ni à l'infaillibilité du Pape, ni à celle des Conciles: puisqu'ils se sont souvent trompés et contredits". Dans son ouvrage Oser être chrétien aujourd'hui publié en 2000, Pierre de Locht fait remarquer que la prétention à l'infaillibilité n'est pas conciliable avec la condition humaine (p. 53).

Un courant réformiste

Mes positions, je prétends les inscrire dans un courant réformiste sérieux, dans la lignée de Pierre Dentin, Louis Evely, Henri Guillemin, Jean Kamp, Hans Küng, Marcel Légaut, John A.T.Robinson, John S. Spong, Jean Vimort, Maurice Zundel, etc.

C'est à partir de leurs témoignages et avec des analyses personnelles, en m'aventurant parfois plus loin qu'eux, que j'ai rédigé cet ouvrage, comme le dernier témoignage de ma vie.

Plusieurs de mes lecteurs ne connaissent sans doute pas tous les auteurs auxquels je me réfère. Pour évoquer la nécessité et l'ampleur de ce qui me paraît devoir être repensé et réformé, qu'il me suffise de citer d'abord Maurice Zundel en 1964, puis quelques autres contemporains.

"Parler de Dieu aujourd'hui dans le langage des premiers siècles c'est se condamner à n'être pas compris et c'est faire courir à Dieu le péril d'apparaître comme un mythe à reléguer au musée des antiquités" (Zundel, conférence à Paris, février 1964).

Et encore: "Il y aurait une immense purification à faire de tout le vocabulaire religieux, en tenant compte de l'immense distance qui sépare les conceptions d'aujourd'hui et il y a seulement 100 ans " (d°), cité in Un autre regard sur l'homme, Fayard 1996.

Dans un ouvrage publié en 1977, Le christianisme va-t-il mourir ? Jean Delumeau écrit (p. 84): "la déchristianisation est la note à payer de cette formidable aberration (il s'agit du recours pendant des siècles à la force coercitive et au bras séculier). Dans Devenir soi, publié en 1981, Marcel Légaut écrit: " les bases sur lesquelles…on bâtissait avec minutie l'édifice théologique …sont ébranlées sans remède" (p16) .

Par leurs aspects critiques, novateurs et non conformistes, et même révolutionnaires, les positions que j'ai été amené à prendre et tout ce que je remet en question en surprendront plus d'un. Au cours de ces dernières années j'en ai déjà préparé plusieurs fragments, dont certains ont fait l'objet de conférences ou d'articles publiés. Je sais que les réformes que je souhaite sont les unes possibles à court terme, d'autres souhaitables à moyen terme, d'autres utopiques et pour le long terme. Au cours des 2000 années de son existence l'Église a été amenée à fixer une série d'interprétations dogmatiques et morales, qui étaient plausibles à titre provisoire, mais qu'on a cru pouvoir être parfaites et irrévocables. Prétention dérisoire dans un monde imparfait et changeant.

Table des matières

COMMENT JE CROIS 27

1. Le Dieu de Jésus 31

2. La fragilité de Dieu 37

3. Quel Dieu prions-nous ? 45

4. Le partage du pain et du vin 57  Les Béatitudes d'une vie de partage

5. Dieu dans l'Histoire 67

6. La vie éternelle 73

7. La condition humaine 79

CE QUE JE NE CROIS PLUS

1. Errare humanum est 85

2. La Trinité est à repenser 93

3. Jésus sans mythes 103

4. Marie, simplement mère de Jésus 111

5. Un péché originel légendaire 115

6. Une Eglise prétentieuse 121

7. Un Credo archaïque et désuet 127

L'AVENIR DU CHRISTIANISME

1. Etre chrétien 135

2. Un Credo pour notre temps 137

3. Une Eglise réaliste et modeste 139

 

"JE CROIS, MAIS PARFOIS AUTREMENT"
Paul Abela

Edition L'Harmattan, collection "Chrétiens autrement" 160p. 14€,
ou chez l'auteur, 15 € port compris (52 rue Liancourt, 75014 Paris) 

 


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