4. Marie,
simplement la mère de Jésus

Ce que rapporte l'Evangile

"Ma mère et mes frères ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique" (Lc 8.21, Mc 3.32).

"Une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit: Bienheureuse la mère qui t'a mis au monde et qui t'a allaité. Mais Jésus répondit: Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique" (Luc 11.27-28)

Jésus refuse tout privilège à sa mère en tant que telle. La façon dont j'entends ces passages de l'Evangile de Luc me rend très réservé pour tout ce qui concerne les dévotions mariales. Mais d'où vient une telle confusion?

Une féminité introuvable

Faute de féminité et de maternité en Dieu, c'est en Marie qu'on semble avoir trouvé une féminité et une maternité de substitution. Nous l'avons développé au sujet de la Trinité.

J'ai entendu une femme dire: "Nous avons Dieu pour père et Marie pour mère". Tout dernièrement une religieuse m'a dit: "Après l'échec du couple Adam et Eve, nous avons le couple Jésus et Marie. " Couples ambigus.

Maurice Zundel a repéré cette lacune et dès les années 30, il a souvent dit que "Dieu n'est pas moins mère que Père" et, poussant plus loin, il commente:

"Nous sommes habitués à appeler Dieu notre Père, mais nous savons qu'il est notre Mère au même degré, c'est à dire infiniment.... Dieu est infiniment plus Mère que toutes les mères ... Marie est le sacrement de la maternité divine (in Je parlerai à ton cœur , retraite 1959, p.298).

Et ailleurs: Comment voulez-vous que l'amour de Dieu soit moins maternel que l'amour d'une mère ? Tout l'amour des mères, y compris l'amour de la Sainte Vierge elle-même, n'est qu'une goutte d'eau dans cet océan de la tendresse maternelle de Dieu" (homélie 1963, in Ton visage, ma lumière, 1989, p 282).

A partir du moment où l'on remet en question l'interprétation traditionnelle du péché originel (voir chapitre suivant), les dogmes de l'immaculée conception et de l'assomption, déclarés d'ailleurs de façon hâtive, ne sont plus que des inflations inutiles.

Nous avons dit par ailleurs qu'il devenait inévitable de remettre en question la conception virginale. Croyant pouvoir, sans inconvénient, en faire un argument apolo-gétique, on a souvent lié la Résurrection du Christ et sa nature divine à la conception virginale. Mais celle- ci est de moins en moins crédible, et elle n'est d'ailleurs pas, selon Ratzinger, indispensable pour la divinité de Jésus et sa filiation (adoptive et d'un autre ordre) en Dieu. Cela fragilise la crédibilité dans la Résurrection du Christ et dans la nôtre.

Il y a une façon de préférer s'adresser à Marie plutôt qu'à Dieu qui traduit la crainte de Dieu qui est vu comme justicier sévère et père fouettard, plutôt que comme Père et Mère de toute tendresse. Hélas je ne connais pas de prétendue apparition qui demande qu'on mette fin à ce tragique malentendu. Marie, nouvelle Eve comme Jésus nouvel Adam, il nous faut faire une lecture critique du péché originel.


"JE CROIS, MAIS PARFOIS AUTREMENT" , Paul Abela
Edition L'Harmattan, collection "Chrétiens autrement" 160p. 14€,
ou chez l'auteur, 15 € port compris (52 rue Liancourt, 75014 Paris) 



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